Je rêvais d’être un chevalier
Publié le 3 Avril 2014
San Gimignano, l’ultime village médiéval
Quand j’étais petit, je rêvais d’être un chevalier. Je n’ai pas quitté mon costume de Robin des Bois jusqu’à l’âge de six ans et aujourd’hui encore, une fois endormi, il m’arrive de me transformer en Aragorn pour aller rendre justice dans la Terre du Milieu. Tout ça pour te dire, quitte à me répéter, que quand je visite une cité médiévale (comme Bergame il y a quelques jours), je ne l’admire pas en tant que touriste mais plutôt avec les yeux d’un enfant.
En arrivant à San Gimignano, j’ai l’impression d’entrer dans une machine à remonter le temps. Une fois passée la grande porte marquant l’entrée du village, je fais un saut de mille ans en arrière. Aucun doute, je suis bien au Moyen-Age, et ce ne sont pas les boutiques souvenirs et les centaines de touristes qui y changeront quelque chose. Pour une fois, je ne les vois même pas.
Par contre, je suis à l’affut du moindre signe des chevaliers qui, à l’évidence, ne sauraient tarder à rentrer au château. J’entends presque le claquement des sabots et le bruit des armures. Je déambule ça et là, sans but précis, comme d’habitude. Combien de temps me suis-je baladé dans ces ruelles, émerveillé ? Aucune idée…
Mais soudain, toutes les cloches de la ville retentissent bruyamment. Que se passe t-il ? Sommes nous attaqués par les envahisseurs lombards ? Euh, non… Réveille toi, gamin : c’est juste qu’il est midi.
Sienne, (Montaigu vs. Capulet) x 17
Après San Gimignano, j’avais peur que les autres villes me paraissent un peu fades. J’appréhendais surtout Sienne, dont on m’avait dit beaucoup (trop ?) de bien. C’est donc timidement que je fais mes premiers pas dans la ville. Néanmoins, mes réticences s’évanouissent très vite à mesure que je pénètre à l’intérieur des remparts. Le style et l’ambiance sont un peu différents, mais je ressens à peu près la même chose que dans le village découvert la veille. Je suis une nouvelle fois subjugué par la beauté médiévale de la ville, un air de château fort en moins, mais une impression de grandeur en plus.
En discutant avec les gens, un élément de la vie siennoise revient presque systématiquement. On m’explique que la ville est divisée en dix-sept quartiers – les contrade (pluriel de contrada) – formant chacun une communauté soudée, représentée par un animal ou symbole spécifique. Il semble que ces contrade, formées dès le Moyen-Age, jouent encore aujourd’hui un rôle central dans la vie sociale de la ville. On est fier de son district et malheur à celui qui voudrait en déménager… Si tu as lu Roméo et Juliette, imagine toi l’ambiance qui règne entre Montaigu et Capulet et multiplie ça par dix-sept. Bienvenue à Sienne.
Au paroxysme de cette rivalité séculaire est organisée deux fois par an le célèbre Palio. Cette grande course de chevaux sur la Piazza del Campo est l’occasion de mesurer la puissance de chaque contrada. La compétition est prise on ne peut plus au sérieux. Avant la course, toute la ville se pare de drapeaux aux couleurs de chaque communauté et cavaliers et montures sont même bénis dans l’église de leurs quartiers respectifs. Il paraît que les concurrents ont le droit de se frapper pendant la course et que seul le cheval a besoin de passer la ligne d’arrivée pour faire gagner son équipe... Ça ne rigole pas, et j’aurais vraiment aimé voir ça !