Katmandou et sa vallée
Publié le 7 Septembre 2014
C’est le front collé à mon hublot que j’aurai effectué la grosse heure d’avion qui sépare Lhassa de Katmandou. Survoler la chaîne de l’Himalaya et voir ses plus hauts sommets percer les nuages est un spectacle que je ne risque pas d’oublier… Encore six heures d’attente à l’aéroport – j’avais promis à Marion qu’on découvrirait la ville ensemble – et la voici enfin qui arrive. Retrouvailles un poil retardées par une logistique aéroportuaire de pointe, mais ça y est, elle est maintenant avec moi pour les deux prochains mois ! Je sens qu’on ne va pas s’emmerder souvent…
Difficile de croire que l’on soit si près de la Chine tant tout est différent. Alors que je m’attendais à trouver un pays assez semblable au Tibet, c’est en fait dans un univers complètement nouveau que je viens de débarquer, en passant de l’autre coté des montagnes. Beaucoup plus proche de l’idée que je me fais de l’Inde en réalité, ce qui m’apparaît finalement tout à fait logique maintenant que j’ai pris la peine de lire un peu sur l’histoire de la région. L’ignorance a ses bons cotés. Elle entretient l’effet de surprise.
Il semble que je me fasse plus ou moins les mêmes réflexions à chaque fois que je débarque dans une nouvelle contrée. L’éternelle « mais quel bordel ! » étant toujours la première à traverser mon esprit. Comme si, après s’être habitué au désordre d’un pays, le fait de passer la frontière remettait les compteurs à zéro. Soulignons néanmoins que les rues de Katmandou ont atteint un tel niveau de chaos qu’elles feraient passer les mégalopoles chinoises pour des modèles d’organisation. Je dis à tout le temps la même chose, mais, là, je crois vraiment qu’on a battu tous les records…
L’agréable différence est que ce joyeux bordel a repris des proportions humaines. Les gratte-ciels et boulevards à huit voies sont bien loin. Ici, les immeubles font rarement plus de quatre étages et nombre de rues du Thamel peinent à voir se croiser deux motos. La ville est suffisamment petite pour être parcourue à pied, ce qui permet d’en apprécier les moindres petits recoins. Le parfum des épices qui s’échappe des étals sauvages tente vainement de nuancer la puanteur des ordures jonchant les rues, dans lesquelles viennent se nourrir toutes sortes d’animaux, du singe au chien en passant par la vache et les poulets. J’essaye de ne pas penser que ce sont sans doute ces mêmes bestioles qui se retrouvent ensuite dans nos momos, espèces de raviolis népalais dont on se fait péter le bide tous les jours. Katmandou est à l’évidence pauvre, très pauvre, mais ses habitants n’hésitent pas à offrir leurs sourires à quiconque croiserait leur regard. « Namaste ! »
Au delà du plaisir procuré par l’habituelle déambulation dans les labyrinthes de ruelles défoncées, la capitale abrite quelques temples et placettes à la hauteur des attentes qu’on peut placer en elle. Certes il faut les chercher un peu, mais ils sont bien là, comme le temple bouddhique de Swayambhunath au sommet de sa colline – gardé par une horde de macaques à fesses rouges – ou son imposante Durbar Square aux nombreux temples hindous, avec laquelle rivalise de grandeur la place homonyme de Patan, dans la banlieue sud.
Ah, oui, j’allais oublier de parler météo : début septembre, la mousson est (presque) terminée dans cette région du monde.
Après quelques jours à prendre nos marques dans la capitale, nous décidons de nous lancer à la découverte de sa vallée. Ses proportions limitées font théoriquement du vélo le moyen idéal pour s’y déplacer, et c’est donc en pédalant que nous avions initialement prévu de nous promener. Mais étant donné l’effrayante circulation, nous avons finalement choisi de ne pas mourir au Népal – vivre c’est plutôt cool quand même – et préféré les petits bus locaux, eux-mêmes pour le moins épiques. L’intérieur du bus est plein ? Pas de problème, il reste l’extérieur : suspends cinq ou six personnes à la porte d’entrée et fais-en monter autant sur le toit… Le tour est joué !
Clairement, pour les jolis paysages, il faudra attendre de prendre un peu d’altitude. La vallée ne fait pas vraiment rêver et je doute qu’elle figure jamais sur une carte postale. Mais elle a le mérite d’abriter de nombreux villages qui, eux, valent généralement le détour. Bodhnath, Kirtipur, Bungamati… Que du plaisir ! Sans compter Bhaktapur, l’une des trois grandes cités du Népal médiéval (avec Katmandou et Patan) qui reste sans doute aujourd’hui la plus splendide du pays.
Voilà déjà presqu’une semaine passée en un éclair et il est temps de mettre les voiles. Nous prenons la direction du sud pour aller à la découverte du Teraï et de sa jungle de basse altitude.