Une campagne de bourge
Publié le 14 Avril 2014
La ferme fonctionne évidemment sept jours sur sept, mais on a quand même tous droit à un jour de congé par semaine. Perso, c’est le lundi, et aujourd'hui j’en ai profité pour aller découvrir un peu plus la région. J’ai donc emprunté le bolide de Lea et Michele, ouvert grand les fenêtres – pour mettre ce qu’il me reste de cheveux au vent – et me suis lancé au hasard sur les petites routes sinueuses des alentours.
Compte tenu du nombre de parcelles agricoles, on peut difficilement faire plus rural que dans le coin. Mais pourtant, je ne reconnais pas la campagne dont j’ai l’habitude. Il règne ici une ambiance particulière, très esthétique. On dirait que les champs ont été arrangés sur les collines pour composer des cartes postales.
Ici, on ne cultive pas de patates ou de choux-fleurs, mais on produit une huile d’olive raffinée et un vin rouge haut de gamme (d’ailleurs je dois bosser dans la seule ferme à cinquante kilomètres à la ronde qui ne cultive pas la vigne ou l’olivier). Les quelques bâtiments paumés au milieu de la nature ne sont pas de vieille granges délabrées mais de belles et grandes bâtisses en pierre, le plus souvent estampillées « Château Machin du XIème siècle » ou « Abbaye Truc du XIIème ». Disparues les ronces et les fougères : les allées sont encadrées par d’élégants cyprès s’élançant vers le ciel. Je m’entends fredonner « Anooool shaloooooom » (le thème du film Gladiator au cas où tu n’aurais pas reconnu) alors que je me rends dans le domaine de Maximus.
Si tu repères un château au milieu du bois, ne pense pas t’y rendre pour visiter une ruine. Il y a certainement quelqu’un qui y habite et une piscine de trente mètres sur quinze dans le jardin. De toute façon tu auras fait demi-tour en voyant le gros 4x4 garé devant… Point de gros beaufs en salopettes. Les mecs sortiraient de leurs champs vêtus de costards trois pièces, je ne serais qu’à moitié surpris. Pas de bouseux, pas de péquenots. Tu n’es pas dans la Meuse ici. Non, ici, c’est le Chianti ! Bienvenue dans la campagne du bourge.
Ok, j’exagère un poil, mais pas tant que ça. En tout cas c’est l’impression générale que j’ai eue en me baladant dans la région. Tout est trop beau pour être vrai. Mais ce n’est pas désagréable, bien au contraire…