Les merveilles du sud de l’Altiplano
Publié le 2 Février 2015
C’est via une époustouflante route de montagne, à quatre mille mètres et quelques, que j’aurai rallié Uyuni depuis Potosí. Les sempiternels moutons et chèvres qui décoraient habituellement les bas-côtés ont désormais laissé place à d’innombrables lamas. Ce sont parfois les petits détails qui exaltent le sentiment de dépaysement. Enfin, au détour d’un dernier virage, la petite ville se dévoile. Plantée au milieu du désert, avec un air de bout du monde.
Je l’attendais depuis longtemps, le légendaire Salar d’Uyuni. J’en reviens vraiment enchanté, mais également un peu frustré. Frustré, parce qu’à moins de disposer de son propre 4x4 – et encore, c’est pas aussi simple –, c’est une région du monde qu’il est impossible de visiter sans passer par un tour organisé. Je déteste les tours organisés. Pourquoi notre premier arrêt c’est les boutiques souvenirs ? « C’est comme ça. » Pourquoi on roule pas plus loin dans le Salar ? « C’est prévu autrement. » On peut marcher un peu pour s’approcher du volcan ? « Non, on n’a pas le temps. » Pfff…
Surtout qu’à Uyuni, ils s’organisent particulièrement comme des manches. Tout le monde part à la même heure au même endroit. Ça viendrait à l’idée de personne de décaler un poil le départ ou d’aller dans l’autre sens. Non, t’as raison, c’est bien mieux quand on est tous les uns sur les autres. Résultat : cinquante voitures qui se retrouvent agglutinées dans un désert qui fait pourtant plus de dix mille kilomètres carrés ! Ajoute à ça un chauffeur-mécano-cuistot-guide (dans cet ordre) qui te fait bien comprendre qu’il a hâte de rentrer chez lui avant même d’être parti, une voiture qui tombe en panne tous les cinquante kilomètres… Bref, je déteste les tours organisés. Mais assez fait le french-râleur ! Parce que malgré ça, c’est quand même vraiment une région magnifique.
Le tour commence par le Salar, donc. On m’avait pas menti, c’est vraiment un endroit singulièrement magique. A perte de vue, un désert de sel, plus plat que plat. Seuls apparaissent au loin quelques monts, anciennes îles perdues dans cet ancien lac, qui semblent flotter dans les airs au dessus de l’horizon. Un horizon qu’il est particulièrement difficile de distinguer en cette saison pluvieuse, une fine pellicule d’eau reflétant le ciel à la perfection. Quel dommage qu’on soit venu ici sous le cagnard de midi plutôt qu’au coucher du soleil… (Oups, revoilà le râleur. Passons.)
La suite, c’est des heures et des heures de 4x4 à travers des plaines désertiques à presque cinq mille mètres d’altitude. Quand je pense à tout ce que j’avais dû marcher au Népal pour arriver à cette altitude… La beauté sauvage de l’extrême sud de l’Altiplano n’a rien à envier au Salar. Au contraire, je crois que j’ai été encore plus émerveillé par cette région brute parsemée de volcans et autres lagunes colorées, au milieu desquelles se prélassent des dizaines de milliers de majestueux flamants roses. J’aurais pu rester des heures assis à contempler tout ça si l’autre n’avait pas été si pressé de redémarrer sa voiture. (Mais tu vas arrêter de te plaindre, oui ?!)
De retour vers Uyuni comme du côté Tupiza, les paysages changent à nouveau. Au milieu de toutes ces roches rouges orangées, j’ai l’impression de me retrouver dans le Far-West américain que j’avais découvert il y a bientôt trois ans. L’occasion de rencontrer encore d’autres animaux exotiques, comme le chinchilla, espèce de lapin-écureuil monté sur ressort, ou une invraisemblable sorte de petite autruche, que je jure avoir vu courir au loin bien que je n’ai réussi à la prendre en photo.
Tu l’auras compris, malgré la frustration du tour (mal) organisé, les merveilles du sud de l’Altiplano valent mille fois le détour.